
Vu de loin, avec son affiche beaucoup trop criarde pour être honnête et son monstre-lézard peu engageant « À des millions de kilomètres de la Terre » peut ressembler à un cousin américain de Godzilla ou un King Kong un peu perché. Mais mine de rien, malgré des effets spéciaux qu’on qualifiera poliment de « vintage », fait le boulot et enfile les bonnes idées comme des perles pour nous offrir un bon moment. Et ça tombe bien, on n’en demandait pas plus.
L’histoire

La vie s’écoulait paisiblement dans ce petit village de pêcheurs (et pas du tout « À des millions de kilomètres de la Terre » comme nous le vend le titre…) avant qu’une fusée vienne se planter sur ses côtes. Les locaux parviennent à en extraire quelques astronautes mal en point ainsi qu’un mystérieux tube qui semble contenir un truc vivant. Et comme on pouvait s’y attendre, ce truc est une créature vénusienne pas commode qui grandit à vue d’œil. Forcément, ça tourne mal.
Autour du film
Il existe une version colorisée qui rend justice à la bonne volonté du mec en charge des effets spéciaux. A voir donc.
Ce qui a mal vieilli
- Le stop-motion
Le stop-motion, c’est vraiment sympa, mais on comprend quand même pourquoi on a arrêté de faire des films sérieux avec. Malgré tout, la baston entre Ymir le Vénusien et l’éléphant à la fin est épique.
- La fusée au début du film
On imagine aisément qu’ils ont tourné cette séquence de crash, ont regretté, se sont dit « en fait, ça aurait pu être suggéré… » et puis l’ont laissé quand même, foutu pour foutu, allons-y… - Des Américains trop bien intentionnés
Si on tournait ce film aujourd’hui, ce spécimen vénusien serait traqué pour nourrir des projets militaires (la mise au point d’un soldat mi-homme mi-reptile, un truc du genre). Non, en 1957, on se dit que ce serait intéressant de l’étudier pour se préparer à coloniser Vénus. N’importe quoi.
3 raisons de le voir quand même
- Mille bonnes idées pour faire illusion : et aucune ne fonctionne. On n’y croit jamais, comme si le contrat tacite avec le spectateur dès le début du film était « ok, allez au bout de votre idée, on pardonnera tout ».
- Une réalisation plutôt soignée : la photo, la réalisation et même l’interprétation montrent de la compétence et de la bonne volonté. Ce qui constraste forcément avec la perception qu’on a des effets spéciaux 60 ans plus tard.
- Le choix de l’Italie
En voila une bonne idée, situer l’action de ce film en Sicile puis à Rome, pour un règlement de compte sur le Colisée.
À des millions de kilomètres de la Terre en entier :
Fiche artistique :
20 Million Miles to Earth – 1957 (États-Unis)
réalisation : Nathan Juran
avec : William Hopper, Joan Taylor, Frank Puglia