
Il existe à ce jour 3 adaptations cinématographiques de Je suis une légende de Richard Matheson. Celle avec Will Smith en 2007, « Le Survivant » en 1971 avec Charlton Heston et donc celle-ci, la première, la seule la vraie diront les puristes. Et il faut bien admettre que ce film a tout pour devenir un classique : un noir et blanc qui ne semble pas choisi, un budget qui ne payerait pas un plein d’essence aujourd’hui et une mise en scène pleine de conviction. Tout ça, ça ne fait pas un bon film, mais ça interdit de dire 50 ans plus tard que c’est un navet. Contrat rempli.

L’histoire :
Saloperie de virus qui a, semble-t-il, éradiqué toute forme de vie civilisée de nos contrées… Toute? Non, un homme, appelons-le Robert, résiste encore et toujours à une horde de zombies-vampires, depuis chez lui, cramant consciencieusement les corps qu’il trouve et appliquant un rituel indispensable à sa survie. Sauf qu’on ne peut pas avoir raison tout seul, et ça, Robert l’apprendra à ses dépens.
Autour du film :
Richard Matheson, l’auteur du livre, a pris part à l’écriture du scénario. Mais vu la tournure des événements, l’écrivain a tenu à être crédité comme Logan Swanson. Gaulé Richard, on sait que c’est toi.
Les plus motivés auront déjà pu apprécié La Dernière Femme sur Terre, tourné quelques années plus tôt, qui n’a rien à voir avec « le dernier homme sur Terre » dont il est question ici, à l’exception de la scène finale, dans une église, à croire que John Woo à réalisé ces deux films.

Vous trouverez peut-être une version en couleur de Je suis une Légende (par exemple ici), mais ça ne rend pas service au film. Passez donc votre chemin.
Ce qui a mal vieilli :
Un jeu à la limite du scandaleux
Vincent Price, qu’on aime bien pourtant, ne casse déja pas des briques. Mais les autres personnages, au prétexte d’une « infection » qui les arrange bien, jouent franchement comme des merdes. Et la vilaine post-synchro n’excuse pas tout.
La musique en dépit du bon sens
Rarement la musique n’a été si dispensable dans un film. Non seulement on l’oublie dans la minute, mais surtout on est par moment choqué par le décalage entre la trame dramatique de la mise en scène et les airs guillerets entonnés par le duo Bert Shefter/Paul Sawtell. Et qu’on n’essaie pas de me faire croire que c’est un effet de style.
La dimension philosophique du truc
Un relent de Rhinocéros de Ionesco (joué à Londres en 1960 sous la direction d’Orson Welles, tiens tiens…) qui rend ce film plus prétentieux qu’autre chose. Mais apparemment, c’est ce qu’on attend d’un « film culte ».
Des zombies-vampires, sérieusement?
Au bout d’un moment, il faut être raisonnable. Des morts-vivants en haillons qu’il faut brûler, ok, mais les éloigner avec de l’ail et un miroir, franchement, ça n’est pas sérieux.
3 raisons de le voir quand même :
- Un film de zombie moyen, mais un film de vampire original : vu de l’autre côté, ce film ressuscite un mythe du cinéma d’horreur en oubliant la cape et l’accent de l’Est. Des vampires crados, cons comme des briques mais résistant, ça change.
- Le film aurait inspiré « La Nuit des Morts-Vivants » : Je Suis Une Légende de Matheson a été une référence, il st difficile d’imaginer que le film, sorti 4 ans avant, n’a pas pesé dans l’esthétique du classique de Romero.
- C’est la plus fidèle adaptation du bouquin de Matheson : alors que c’est le seul des trois films a avoir changé le nom du héros, de Robert Neville à Robert Morgan.
Je Suis Une Légende, la bande-annonce :
Fiche artistique :
The Last Man on Earth – 1964 (Etats-Unis-Italie)
réal : Ubaldo Ragona et Sidney Salkow
avec : Vincent Price, Franca Bettoia, Giacomo Rossi-Stuart