
De nos jours, les films de science-fiction ont tendance à se débarrasser du superflu pour que le spectateur se concentre sur l’action : est-ce que ça aurait apporté quelque chose d’imaginer que Dark Vador avait eu du mal à joindre des artisans pendant les travaux sur l’Etoile Noire ou qu’Alien était gay? Dans La Planète Fantôme, aucun détail n’est de trop : des extraterrestres, d’autres extraterrestres qui ne peuvent pas les saquer, et le tout en minuscule. Pourquoi? Et pourquoi pas?

L’histoire :
Dans le futur, en mars 1980 (et oui…), la disparition d’un vol habité donne lieu à une investigation. On envoie sur place le Capitaine Chapman qui à son tour se retrouve attiré par un astéroïde habitée pas des Lilliputiens, la fameuse « Planète Fantôme ». Alors qu’il commence à faire connaissance avec cette civilisation survient une attaque de méchants Solarites, désireux de s’emparer du contrôleur universel de gravité.
Autour du Film :
Le monstre particulièrement merdique qu’on croise dans le film (on y reviendra) est interprété par Richard Kiel. Richard Kiel? Non? 2m18 sous la toise, une tête à couper des câbles avec ses dents? Bingo, c’est bien Requin, le méchant de légende de L’Espion qui m’aimait et Moonraker. Donc avant de se chicorer avec Roger Moore, le mec a commencé comme Solarite.
Ce qui a mal vieilli :
- Peut-être le pire monstre de l’Histoire du cinéma
On a peine à le croire, mais il semblerait que l’essentiel du budget de cette production soit parti dans les vaisseaux en carton. Ou alors, ces « Solarites » ont surgi contre toute attente dans le scénario en cours de tournage et il a fallu bricoler un costume sur le pouce. Comme la créature est aussi effrayante que Alf, les personnages prennent le temps de souligner que si ce monstre était libéré, il tuerait tout le monde dans la minute. Bon… il se trouve que la bête est libérée 10 minutes plus tard et se contente de bousculer un vieux (mais avec un grognement agressif), introduire un ragondin sur le plateau aurait certainement été plus flippant. - Une civilisation extraterrestre aux mœurs étranges : La Planète Fantôme n’est pas épargnée par une certaine vision coloniale de l’étranger. Quand on tombe sur une autre civilisation dans un vieux film de SF, la peuplade en question a en général un seul chef, un vieux. Malgré leur apparente maîtrise technologique (on parle là de mecs qui déplacent l’astéroïde sur laquelle ils vivent et qui ont renoncé à l’agriculture), tout se petit monde vit dans un système féodal avec des rites assez primitifs (notamment des duels dignes d’Intervilles). Le petit plus : en rencontrant le Terrien, le chef de cette tribu propose direct à ce nouveau venu d’épouser l’une de ses séduisantes filles.
- Des combats dans l’espace qui font peine à voir : Ok, on est au début des années 1960, mais quand même… un stylo et des allumettes qui se promènent au milieu de cornflakes, ce n’est pas très sérieux.
3 raisons de le voir quand même :
- Une photo qui a correctement passé les décennies : ce qui rend le film tolérable, voire plaisant par moment. Malgré les effets spéciaux miséreux, on peut se laisser prendre par ce petit film.
- C’est une production d’American International Pictures : il faut donc se forcer.
- C’est le premier film de Richard Kiel : Ouais, on l’a déjà dit. mais bon, on cherche des raisons, c’est pas toujours facile.
La Planète Fantôme en entier et en français :
Et on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour les comédiens qui ont fait les voix pour un cachet de quelques centaines de francs en se demandant clairement ce qu’ils foutaient là (et ça s’entend un peu par moment)…
Fiche artistique :
The Phantom Planet – 1961 (Etats-Unis)
réal : William Marshall
avec : Dean Fredericks, Coleen Gray, Francis X. Bushman, Richard Weber, Richard Kiel