
Chaque décennie a son Dr Frankenstein. Le Cerveau qui ne voulait pas mourir sera celui des sixties. Il est bavard, prétentieux, sombre et glacial. Film noir aux accents jazz,ce petit film a ses défauts, ses longueurs et ses faiblesses de mise en scène, mais fait quand même envie. Notamment en mettant une tête sur un plateau. Alors pourquoi se priver?

L’histoire :
Un chirurgien porté sur les expérimentations avant-gardistes perd sa fiancée dans un accident de voiture. Toute? Pas tout à fait , puisqu’il parvient à récupérer dans les débris une tête en parfait état de fonctionnement. Reste maintenant à trouver un corps, de préférence bien gaulé, pour compléter ce puzzle. Parce qu’on a beau être un chirurgien controversé, on en est pas moins un homme.
Autour du film :
13 jours de tournage. Assez de temps pour faire deux fois le monde quand on est Dieu ou faire un film d’horreur bien ficelé dans le sous-sol d’un hôtel new-yorkais quand on est Joseph Green.
Le Cerveau qui ne voulait pas mourir a été tourné en 1959, mais des petits soucis avec la censure ont repoussé sa sortie à 1962. Le Royaume-Uni l’a carrément interdit avant de le laisser sortir en DVD en 2006 (les cons).
Le Cerveau qui ne Voulait pas Mourir s’est offert avec le temps un petit statut culte et est devenu en 2009 une comédie musicale, The Brain That Wouldn’t Die: A New Musical. Si vous avez du mal avec le Noir et Blanc et la bonne musique, on vous invite à visionner cette curiosité dont on trouve des traces sur Youtube.
Ce qui a mal vieilli :
- Des débats éthiques complètement creux : et pourtant, tous les clichés sont réunis, deux chirurgiens, un père et son fils (il l’appelle « son » pour que ce soit bien clair), le jeune qui veut expérimenter des trucs et le vieux qui le met en garde, « ok, tu as sauvé sa vie, mais c’était pas très catholique cette opération » et la question de savoir s’il faut vraiment faire tout ce qui est possible pour sauver un patient. Ben… oui, non? Même tuer d’autres gens? Ah ben non, du coup…
- Le jeu délibérément faux des acteurs : à la « Jean-Pierre Léaud », l’acteur qui ne joue pas un personnage mais qui joue Jean-Pierre Léaud jouant un personnage. Les consignes du metteur en scène étaient simples : « faites-en des tonnes, c’est « Nouvelle Vague », dans 50 ans on trouvera ça génial ». Et bien non.
- La carte « charme », définitivement de trop : dans une volonté de compromis, les scénaristes ont sorti une carte de leur manche : le savant fou doit trouver des corps de femmes et il arpente pour cela les viviers de plantureuses créatures. Cela donne lieu à des scènes ridicules de combats de strip-teaseuses ou de concours de « Miss Body » dont le film aurait pu se dispenser.
3 raisons de le voir quand même :
- Un bel accident de voiture : sur un fond de jazz tonitruant, des séquences taillées au scalpel alternant une caméra embarquée et des panneaux de signalisation en se passant de toute image du crash en lui-même, c’est bien simple, on dirait un clip pour la sécurité routière destiné à passer à une heure de grande écoute. Du beau boulot.
- Une esthétique soignée : le petit côté sinistre du clip de One de Metallica. Et quelle bonne idée d’avoir mis une capuche seyante à la tête coupée de la fille.
- Quelques grosses ficelles toujours efficaces : une créature inhumaine que l’on sait enfermée dans un placard, des phrases définitives du genre « Comme toute chose quantifiable dans le monde, l’horreur a son apogée, et c’est ce que je suis », on en a pour son argent (surtout quand c’est gratuit).
Le cerveau qui ne voulait pas mourir en entier :
Si vous ne parlez pas anglais :
Il va falloir se tourner vers la version française.
Fiche artistique :
The Brain That Wouldn’t Die – 1962 (Etats-Unis)
réal : Joseph Green
avec : Jason Evers, Virginia Leith, Leslie Daniels, Adele Lamont, Bonnie Sharie