
A force d’hésiter entre la science-fiction pas sérieuse et la comédie pas drôle, deux genres connus pour mal vieillir, Le Père Noël contre les Martiens a réussi son coup : figurer parmi les pires films de tous les temps dans tous les classements un peu exhaustifs du monde. Et c’est peut-être sévère pour cette production sans autre prétention que de faire un film de Noël qui ne ressemblerait pas à un Capra. Et pour le coup, contrat rempli.
L’histoire
Avec leurs méthodes d’enseignement avancées, et, il faut bien le dire, leur organisation de communiste, les Martiens ont sacrifié l’innocence et la candeur de leurs enfants. Ces derniers, à l’approche de Noël, scotchent sur les programmes télé terriens américains et n’ont plus le cœur à rien. Pour sauver la situation, il faut leur rétablir la magie de l’enfance en faisant venir le Père Noël. Et donc en le kidnappant.
Autour du film
Au casting de ce film figure Pia Zadora, 10 ans à l’époque, et à droite sur cette photo (elle incarne avec talent Grimar, une jeune Martienne). Quelques années plus tard, elle obtiendra un Golden Globe (mais clairement pas pour « Le Père Noël contre les Martiens ») et enregistrera « When the Rain Begins to Fall » avec Jermaine Jackson.
A l’heure où on écrit ces lignes, « Le Père Noël contre les Martiens » figure dans le Bottom 100 IMDB, à une solide 40ème place, au coude à coude avec « Le Monde Secret des Emojis ».
Ce qui a mal vieilli
- Les ingrédients d’une bonne comédie
A croire que les producteurs ont regardé des De Funès sans sous-titres avant de lister les incontournables d’une comédie populaire : une musique à la con, des grimaces et un personnage débile, les spectateurs ont besoin d’un souffre-douleur pour passer un bon moment, ce sera cet abruti de Dropo, ancêtre de Screech dans Sauvé par le Gong.
- Un festival de costumes plus audacieux les uns que les autres
Quand vous découvrirez les Martiens, du cirage sur la gueule; des casques bardés de tuyaux et d’antennes et même une superbe moustache pour l’un d’entre eux, vous serez peut-être tenté de dire « ah ben là, on aura tout vu!… » Non, vous n’avez pas encore vu la panoplie d’ours polaire qui arrive un peu plus loin. - Quelques faiblesses scénaristiques
Faire s’enfuir de jeunes enfants à peine vêtus d’un petit chandail au Pôle Nord, c’est moyen, même si les dialogues prennent soin de leur faire dire « j’ai froid » de temps à autre. Ne parlons pas des consignes de sécurité écrites en anglais dans un vaisseau martien et du méchant qui est, globalement, contre tout ce qui est « rire d’enfant » et « joie sur Mars » par principe. sans autre explication. - Une finition bâclée : quand l’annonce de la disparition du Père Noël se fait, le choix est fait de faire défiler des fausses unes de presse titrant sur cette catastrophe. Bonne idée! Mais si la première dit bien « Santa Claus Kidnapped by Martians! », les suivantes sont juste des canards achetés au kiosque en bas, la version française était assurée par un exemplaire du Soir qui ce jour là titrait sur la rébellion au Congo (39:41)
- Des gamins qui jouent comme dans une pub Kinder
Et on le voit venir dès le début : ces gamins futés et bien coiffés seront les acteurs d’un dénouement qu’on qualifiera d’ »embarrassant », partageant le spectateur entre deux sentiments : la gène d’être devant une scène digne de Maman j’ai Raté l’Avion et la volonté de ne pas abandonner si près du but, à quelques minutes seulement de la fin de ce calvaire.
3 raisons de le voir quand même
- Des idées novatrices : un seul exemple : l’arme paralysante (mais inoffensive) des Martiens que l’on retrouve dans la Soupe aux Choux.
- Les classements sont sévères : des films de Noël à la con, il y en a à la pelle, et ils ne sont pas tous dans le classements des plus gros navets all-time d’Imdb.
- Il y a des nains : plein. Et un super robot.
Tu veux le voir, là, maintenant ?
Pour ceux qui ne parlent pas anglais
Il existe une VF. On imagine que les doubleurs ont passé un bon moment.
Fiche artistique :
Santa Claus Conquers the Martians – 1964 (Etats-Unis)
réal : Nicholas Webster
avec : John Call, Leonard Hicks, Vincent Beck, Bill McCutcheon, Victor Stiles, Donna Conforti, Chris Month, Pia Zadora, Leila Martin, Charles Renn