
Quand on découvre un film et qu’on se dit dès la lecture du titre qu’il y a un problème, on sait qu’on est tombé sur une petite merveille. Pourquoi Super Inframan ? Ça n’a aucun sens. Comment peut-on partir du titre original « Le Superman de Chine » avec un beau sigle « S » sur l’affiche, pompé sans vergogne, et arriver à un titre aussi con que « le sur-sous-homme » ? Fort heureusement, ce n’est pas le seul exemple de mauvais goût de cette production des Shaw Brothers, pour accueillir le premier super-héros du cinéma chinois.

L’histoire :
Un bus scolaire qui fait face à l’apparition d’une créature étrange, un glissement de terrain, une ville ravagée par les flammes. Voila le début en fanfare de ce film dans lequel on comprend assez vite que des forces du mal sont derrière tout ce bordel, plus précisément la Princesse Elzebub et ses sbires mutants, dissimulés sous terre depuis des millénaires, attendant leur heure pour reprendre le contrôle de notre planète. Heureusement, un labo de recherche pouvant compter sur du personnel rompu aux arts martiaux et au close-combat bosse sur le dossier et lance son meilleur atout : un type plus customisé qu’une mobylette, doté d’une force herculéenne et de toutes sortes de lasers. Inutile de vous dire que ça va chier.
Autour du Film :
Si Super Inframan est le premier super-héros du cinéma chinois, il ne sort pas de nulle part et surfe allègrement sur le succès de Ultraman et Kamen Rider sur les télés japonaises et hongkongaises depuis quelques années. En s’intéressant à cet ancêtre des X-Or, Bioman et autres Power rangers, on a l’occasion de découvrir que ce genre a un nom : « henshin », littéralement « transformation », pour évoquer toutes ces métamorphoses déclenchée par une petite phrase ou une série de mouvements.
C’est le premier film des Shaw Brothers ayant justifié la création d’un storyboard (Wahouuu… champagne !)
Ce qui a mal vieilli :
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- Une réalisation qui rappelle les plus sombres heures de la télévision
Les effets spéciaux à chier, passe encore, on y trouverait une certaine poésie. Même indulgence pour les costumes de mutants qui remuent les bras pour signifier leur courroux. Mais les zooms à gogo, sans déconner, c’est plus possible. - Le point faible de Super Inframan : il fonctionne à l’énergie solaire
Oui, c’est ça, comme les calculatrices ultra-plates qu’on nous filait gratos au siècle dernier. Hong Kong était encore anglais à l’époque, chinois aujourd’hui, deux pays au Conseil de Sécurité de l’ONU et dotés de la technologie nucléaire… Donc merde, pas l’énergie solaire quand même ! - Quand le méchant est en difficulté, il se transforme en géant
Et du coup, on se demande pourquoi il n’a pas fait ça depuis le début.
Mais comme Super Inframan fait pareil, on pige vite que ça ne sert pas à grand-chose.
- Une réalisation qui rappelle les plus sombres heures de la télévision
- La musique
Dès que l’action bat son plein, la bande son mise sur un rythme enlevé à base de trompettes. Pour vous donner une idée, ça évoque très fortement un générique de film des Charlots.
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3 raisons de le voir quand même :
- Un casting fourre-tout : on a à la fois les débuts du brillant Danny Lee qui se cherchait un peu avant d’accepter qu’il était taillé pour les rôles de flic (The Killer) et le légendaire Bruce Le, l’un des grand noms de la « Bruceploitation ».
- Ça mailloche tout le temps : Pas le temps de faire un point à froid sur la situation. Non. Il faut botter des culs sans arrêt, les forces du mal terrées sous le sol ne comprennent que ça. Donc ça se frite non-stop, c’est déjà ça de pris.
- Ça rappelle des bons souvenirs : Quelque soit votre âge, vous avez certainement été exposé à un Bioman, un X-Or ou un Power Ranger. On n’est pas ici à a genèse du genre, mais on en est pas loin.
Super Inframan en entier, et sous-titré :
…sous-titré en portugais puis mis en français par Google Trad, c’est mieux que rien
Si vous ne pigez rien malgré tout :
Mettez-vous au chinois, c’est la langue de l’avenir.
Fiche artistique :
中國超人 – 1975 (HONG KONG)
réal : Shan Hua
avec : Danny Lee, Wang Hsieh, Terry Lau Wai Yue, Bruce Le, Dana Shun Shuk Yee