The Creation of the Humanoids (1962)

Creation of the Humanoids (1962)
Creation of the Humanoids 1962

On ne s’attendait pas à grand chose en voyant l’aperçu sur Youtube de ce film de 1962 : des monsieurs chauves avec la gueules de Fantomas devisant devant un décor minimaliste, ça n’annonçait rien de bon. Et pourtant, The Creation of the Humanoids, manifestement pas traduit car inédit par chez nous, est un film assez surprenant par la modernité de ses thèmes. Mais ce qui est vraiment surprenant, c’est que ce film soit aussi méconnu aujourd’hui alors qu’il devrait compter, malgré tous ses défauts et ses moyens limités, comme l’un des grands jalons du cinéma d’anticipation.

L’histoire :

Bon, pour faire rapide : guerre nucléaire, anéantissement de plus de 90% de la population mondiale et les survivants affichent un taux de natalité lamentable. On n’est pas bien les copains. Du coup, on mise à fond sur la robotique, ne serait-ce que pour reconstruire. Alors d’abord des robots très cons, genre des aspirateurs, des tondeuses à gazon. Et puis on leur permet d’apprendre des trucs. Passé un certains stade, on opte même pour des humanoïdes, classé selon leurs capacités à se comporter comme des humains, en bien ou en mal. C’en est trop pour un ordre sectaire défenseur des vrais humains bien de chez nous, qui alerte sur les dangers de cette invasion rampante. Dans le même temps, les humanoïdes s’organisent et semblent effectivement préparer un mauvais coup…

Autour du Film :

Il semblerait que ce film mente un peu sur son âge : si The Creation of the Humanoids est officiellement sorti en 1962, on évoque une projection en 1961 et surtout, le film affiche fièrement un beau MCMLX sur sa bobine, signe qu’il était fini dès 1960. On le verra plus loin, mais ça en fait certainement l’une des productions les plus en avance sur leur temps de l’Histoire du cinéma de SF.
Le réalisateur Wesley Barry n’a rien filmé de plus connu que ce film bancal mais avait bien avant ça mené une carrière d’acteur depuis l’âge de 7 ou 8 ans, grâce à des tâches de rousseur dont se souvient encore la profession. Ensuite, sa fiche Imdb mentionne des apparitions non créditées dans des films douteux, il joue un livreur par-ci, un musicien à une fête d’anniversaire par-là, rien de bien jojo, mais revenons à nos moutons…
Source photo : Psychovision

Ce qui a mal vieilli :

  • Le choix de se centrer sur les humanoïdes plutôt que sur les robots
    Le film explique que les robots, tant qu’ils ressemblaient à des boites de conserves, tout allait bien. Mais dès lors qu’on leur a conféré un aspect humain, tout est devenu plus complexe. Ça se tient. Mais la vraie raison, c’est plutôt que les producteurs ont vite pigé qu’ils serait plus simple de peindre des acteurs chauves en gris plutôt que d’ouvrir un budget pour les effets spéciaux. Ah ouais… dans ce cas là, effectivement, on va plutôt partir sur des humanoïdes alors…
  • … du coup, les robots ressemblent quand même vachement à des extraterrestres
    Depuis l’invention du cinéma, un type chauve peint en gris-vert avec un survêtement de communiste et qui salue ses congénères en portant son poing à son cœur, c’est un alien, pas un robot. Pour compenser, les dialogues sont truffés du mot « circuit », par exemple « il n’a pas le circuit de la peur », ou « vous pouvez toujours changer d’avis, si ça va à l’encontre de vos circuits » (oui, c’est minable).
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  • Des scènes de bagarre qui font de la peine
    On ne dira pas « scène d’action », mais « scène de bagarre » tant c’est pauvre.
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  • Une fin en eau de boudin
    Sûrement la raison pour laquelle le film a suscité au mieux de l’indifférence à sa sortie et des rires mesquins par la suite : The Creation of the Humanoids repose sur une foule de bonnes idées mais nous est livré par des gens qui ne savent pas raconter un histoire. Des dialogues interminables, un rythme poussif (on ne compte que 6 ou 7 scènes distinctes dans le film, la dernière faisant 25 bonnes minutes) et un final à la con. Ça fait beaucoup quand même.

3 raisons de le voir quand même :

  1. Des tonnes de bonnes idées : La Loi Zéro d’Asimov bien avant que celui-ci n’y pense, la classification des robots sur une échelle de 1 à 100, la transplantation thalamique, même si ce film était sorti 10 ou 15 ans plus tard, il aurait été salement avant-gardiste.
  2. L’Ordre de Flesh and Blood : Un Ku Klux Klan anti humanoïdes, parce que bordel, on n’est plus chez nous, et que je vois pas un de ces « cliqueurs » tourner autour de ma sœur, sinon ça va mal se mettre… Grâce à cet artifice, le film essaie de prendre une dimension plus sociétale que le simple débat de nerds sur les robots, mais si on essaie de transposer ces discussions à une autre forme de racisme, ce n’est pas bien convaincant.
  3. Ce serait le film préféré d’Andy Warhol : enfin… « on » raconte… c’est surtout un certain Chris Fujiwara qui rapporte cette déclaration et qui s’empresse de dire que savoir si il a vraiment affirmé ça n’est pas si important au fond. Donc on va garder un gros conditionnel.

The Creation of the Humanoids en entier, et sous-titré, oui Monsieur:

Si vous ne parlez pas anglais :

Des courageux vous ont fait des sous-titres, pas parfaits mais très suffisants pour saisir la finesse du récit.

Fiche artistique :

The Creation of the Humanoids – 1962 (ETATS-UNIS)
réal : Wesley Barry
avec : Don Megowan, Erica Elliott, Don Doolittle, George Milan, Dudley Manlove

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