
On est là typiquement dans un cas où « rien ne va » comme on dit dans le cinéma : on confie à Roger Corman un film soviétique correct, planeta bur , il en tire deux films douteux : Voyage sur la Planète Préhistorique et Voyage to the Planet of Prehistoric Women. Tout un programme. Pour le reste, on est sur du dinosaure, du volcan et des mystérieuses voix féminines. Qui aurait imaginé que Vénus héberge un tel bordel.
L’histoire :

Une expédition d’exploration spatiale se pose sur Vénus, la planète aux mille voiles. Rapidement, l’équipe doit faire face aux turpitudes de ce monde hostile et mystérieux, et doit composer avec le fait que les deux équipes ont atterri à des endroits différents (ce qui est quand même con)… Mais… quelle est donc cette voix de femme perdue dans la brume… Et surtout, pourquoi cette planète grouille de dinosaures et personne n’était au courant de rien ????
Autour du Film :
La version américaine que vous trouverez sur Youtube, si elle se veut authentique, n’est en réalité rien d’autre qu’un film hongrois (Planeta Bur – La Planète des Tempêtes / 1962) mal édité et mal doublé. Curtis Harrington et Roger Corman, les auteurs du méfait, ont cru juducieux d’ajouter des scènes tournées en une demi-journée avec des acteurs ricains. Les crédits sont TOUS faux (hormis ceux des scènes ajoutées). Un geek de 1965 aura trouvé marrant de fourguer un produit soviétique à peine déguisé à sa production. Bien joué l’artiste ! Oublions donc Curtis et rendons hommage au VRAI papa du Voyage, Pavel Klushantsev, et à ses acteurs hongrois, Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov, Gennadi Vernov.
Ce qui a mal vieilli :
À la fois beaucoup, et peu de choses. L’esprit moqueur se frotte les mains, alors qu’il s’installe dans son canapé pour regarder Voyage sur la planète préhistorique, à la perspective de sa soirée. Il se voit déjà, au bureau le lendemain : « Rô les gars, j’ai vu un truc hier… phé-no-mé-nal. »
Et pourtant on peine à lui trouver des défauts. Cet improbable voyage sur la planète préhistorique déchire sa bobine. Toutefois…
- Un gars déguisé en T-Rex de 1m65 :
C’est un peu se foutre de la gueule de l’évolution. Même sur Vénus. - Des robots, on en a vu de plus beaux
Même s’il se cogne sans broncher une éruption volcanique. L’acier hongrois, c’est pas du balsa. Notez le nom : Robot John. - Plus largement, le côté fourre-tout du récit
Une planète des dinosaures, en soi, c’est un sujet. Est-ce nécessaire d’y ajouter le suspense d’un sauvetage d’une équipe isolée ? Ou justement cette histoire de robot ? Bon… on chipote, mais c’est pour tendre vers la perfection. - … se taper des millions de kilomètres pour tomber sur un Ptéranodon, c’est VRAIMENT pas de pot.
On voudrait de l’alien, de l’exotique, de l’incroyable. Mais non. En 1962, en Hongrie, le GROS truc c’était clairement le dinosaure.
3 raisons de le voir quand même :
- L’excellente bande son de Ronald Stein – qui a dû s’en occuper entre deux projets mieux rémunérés, puisqu’il reprend ici son thème de Attack of the 50 Ft. Woman (1958). L’ambiance n’en reste pas moins saisissante.
- Des décors ma-gni-fiques : M. Jean-Pierre Jeunet, prenez-en de la graine. Voilà comment on utilise les filtres de couleur sur un film. Non parce que ça va quand même aller, là, y’a pas que le jaune dans la vie.
- La super bagnole d’exploration sur coussin d’air : longtemps avant le skate de Marty McFly.
Voyage sur la planète préhistorique en vidéo :
Si vous ne parlez pas anglais :
Eux non plus.
Fiche artistique :
Fiche artistique : Planeta Bur / Voyage to the Prehistoric Planet (1962/1965) (Hongrie/Etats-Unis)
réal : Pavel Klushantsev
avec : Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov, Gennadi Vernov