
La quatrième dimension ne vous suffit plus ? Bien avant Brian Greene, la théorie des cordes et ses univers multiples, Le Voyageur de l’Espace nous explique comment la cinquième dimension peut faire passer un pilote d’essai « beyond the time barrier« , de 1960 à 2024 (en bourrant bien avec son avion). Rayons cosmiques, mutations et colonies martiennes. Tout y est. Et il faut être un peu concentré pour piger comment ce bric-à-brac tient debout.
L’histoire :

Un pilote d’essai aux airs de Buck Danny monte dans son appareil révolutionnaire, file vers la stratosphère pour réaliser le premier vol suborbital. Par mégarde, il passe la barrière temporelle à la vitesse de la lumière(*), « Beyond the Time barrier » comme le dit le titre original, et se retrouve emprisonné pour espionnage dans une citadelle souterraine en 2024, par un peuple mutant (bien qu’étrangement familier) et stérile. Mais qui pourra bien féconder la petite-fille télépathe du Leader Suprême ?
(*) si vous être un peu scientifique, ne tenez pas compte de ce qu’on vient d’écrire.
Autour du film
L’auteur de ce magnifique scénario (qui tentait de surfer sur la vague de The Time Machine, sorti la même année) n’est autre qu’Arthur C. Pierce, à qui l’on doit également The Cosmic Man (pompé sur The Day the Earth Stood Still). Un visionnaire. En cherchant bien, vous le trouverez dans les rangs des affreux mutants. « Le Voyageur de l’Espace » lui donnera en tout cas l’idée d’une autre histoire de mec qui revient du futur pour alerter des dangers vers lequel se dirige la civilisation, Cyborg 2087, un Terminator avant l’heure.
On se souvenait d’Edgar George Ulmer pour le très bon Detour, le voir à la réalisation du Voyageur de l’Espace nous a incité à lire la bio du bougre, et elle n’est pas vilaine, même si personne ne semble vouloir confirmer les collaborations qu’il prétend avoir apporté (du genre Le Golem, Metropolis ou M le Maudit, pourquoi se faire chier?)
Le premier vol suborbital habité (c’est à dire assez haut pour sortir de l’atmosphère mais pas suffisamment pour être satellisé) a effectivement eu lieu en 1961, un an après la sortie du « Voyageur de l’Espace ». A quoi ça sert ? Sûrement à plein de trucs pour les scientifiques et les militaires, mais pour ce qui nous concerne, notamment à développer le tourisme spatial.
Ce qui a mal vieilli :
- Les costards
À chaque époque sa vision du futur. En 1960, les femmes de 2024 s’habillent en secrétaires de direction. - La transition-triangle
A quel moment le monteur a pu dire « Arrêtez tout les mecs, je crois que j’ai une super-idée! » ? « Attentiooooon… Triangle! (bravo les gars, beau boulot…) » - Le toubib qui allume la cigarette du colonel
Au-dessus du lit du malade. En même temps, il a l’air assez mal en point pour s’en battre la paupière, le gars. La clope dans l’exercice de la médecine, on avait déjà vu ça dans certaines stations spatiales, mais on ne s’y fait pas. - Tout ce ptit monde met beaucoup trop longtemps à piger qu’on est là sur un cas de voyage temporel
Il faut arriver à la demi-heure de film pour qu’ENFIN quelqu’un pose la question « mais dites-moi mon vieux… vous avez décollé en quelle année exactement ? ». Jusque là, c’est insupportable, vous vous surprendrez à gueuler sur votre écran « mais c’est parce qu’il vient du passé, putain !!! » - Cette propension des autres civilisations à demander à un inconnu venu de nulle part de féconder la fille du Chef
ou sa petite-fille dans le cas présent. On avait déjà vu ça dans le très dispensable « La Planète Fantôme« , il faut croire que les Américains des années 50, partout dans la galaxie et n’importe quand dans l’Histoire de l’humanité, ce sont des bons partis. - Il y a plein de bonnes idées, presque trop : la chronologie et la chaine d’évènements qui conduisent à cette situation en 2024 est certes un peu complexe, mais elle a le mérite d’exister. Et c’est cette chronologie qui fait que notre héros se retrouve enfermé avec d’autres voyageurs dans le temps, partis plus tard, mais arrivés avant, pour une raison qui nous échappe.
- L’explication scientifique du trou dans la couche d’ozone Gaz a effets de serre ? Vous n’y êtes pas du tout. Non, le trou dans la couche d’ozone n’est ni plus ni moins que la conséquence directe (quoique tardive), des essais nucléaires des années 1940 ! Pour faire court, les poussières radioactives évacuées par ces explosions se sont accumulées dans l’atmosphère, grignotant petit à petit notre enveloppe protectrice ! Vous l’ignorez encore, mais depuis 1971, les rayons cosmiques bombardent la surface à pleine puissance ! Ça explique pas mal de choses, n’est-ce pas ?
- Une belle explication au tableau : Ceux qui ont eu le bonheur de visionner The Yesterday Machine se souviennent d’une prestation remarquée du Professeur Ernest Von Hauser. Ils auront donc un avantage sur les autres ce coup-ci.
3 raisons de le voir quand même :
Le Voyageur de l’Espace (Beyond the Time Barrier), bande annonce :
Fiche artistique :
Beyond the Time Barrier – 1960 (Etats-Unis)
réal : Edgar G. Ulmer
avec : Robert Clarke, Darlene Tompkins, Jack Herman